Cet article fait partie d’une série d’autographies réalisées par la sociologue Marine Kneubühler. Elle y restitue à la première personne son expérience relative au port du masque, éclairant ainsi diverses situations et mesures sanitaires auxquelles la pandémie a donné lieu. Le premier article de la série est disponible ici.
Le mois de juillet 2020 est passé. Je me suis tenue à distance de l’actualité ces derniers jours. Je n’ai pas encore pris de vacances : je profite du calme estival pour boucler des rapports de recherche et mettre au propre un certain nombre d’observations. Durant mon temps libre, avec un proche, Colin[1], et sa jeune chienne, Koda, on se promène dans les champs, les forêts, aux bords des rivières. Pas de vacances académiques mais, loin des médias et des conversations ordinaires quelque temps, ça me fait des vacances de pandémie. Depuis le déconfinement, j’ai été heureuse de retrouver des amis et ressortir ; mais, trop vite, le déconfinement a surtout signifié s’exposer aux mesures sanitaires et aux discussions à leur propos ; les unes comme les autres me sont devenues éprouvantes.
J’ai eu tout un tas d’échanges à ce sujet et je n’arrive pas à trouver une position qui me convienne : je me sens inconfortable avec mes incertitudes et souvent agacée face à celles et ceux qui présentent des opinions arrêtées. Aussi, je deviens très triste dans les situations qui me rappellent ce qu’on a perdu. Par exemple, je suis allée à l’anniversaire d’une amie en pleine forêt. C’était génial. Cette amie est une slameuse de talent et, parmi les activités de la journée, une scène slam a été ouverte pour permettre aux artistes en herbe de scander des textes en son honneur. L’un de ses compères lui a écrit un texte autour du thème « avoir 30 ans en 2020 ». Les larmes me sont montées aux yeux quand j’ai entendu : « avoir 30 ans en 2020, c’est se demander si on va mettre des chips d’apéro dans des gobelets individuels ». Tout le monde a ri. J’ai ri aussi : comme une défense pour cacher la tristesse.
Je repense souvent à cette phrase, j’ai l’impression que tout le drame de la crise sanitaire pour la vie ordinaire y est encapsulé. Chaque fois que j’y pense, j’entends comme un murmure : vos mains ne se serreront plus et ne s’emmêleront plus dans les cochonneries apéritives, vous resterez à distance, chacun dans sa bulle antivirale, chacun avec son gobelet de chips. Quelle tristesse… Autant dire que j’ai quand même serré mon amie dans les bras, malgré les grandes précautions prises pour un tas d’autres choses : certains gestes demeurent plus forts que les phrases. Émotionnellement, l’accumulation de ces micro-événements a eu tendance à me submerger. J’avais besoin d’une pause pour laisser aller ma tristesse et aussi mes colères parce que je n’arrive toujours pas complètement à faire sens de ce qui arrive.
Pour le mois d’août, j’ai décidé de me reconnecter doucement : j’ai passé la fête nationale du 1er août chez une copine qui travaille dans les soins et, apparemment, dans le milieu médical, ils attendent avec certitude une deuxième vague pour cet automne. Je ne sais pas quoi en penser, je ressens une grande lassitude et une nostalgie coupable des moments durant lesquels nous étions confinés ; au moins, nous pouvions encore rêver, imaginer une reprise de la vie publique avec d’autres horizons que celles de la seule gestion sanitaire et ses contraintes disparaissant et réapparaissant au compte-goutte. En rentrant de la fête, j’ai navigué sur Internet et suis tombée sur un article de la Tribune de Genève daté du 17 juillet 2020. L’avis estival du chef de la cellule de crise de l’Office fédéral de la santé publique y était résumé dans cette accroche : « La situation suisse est dangereusement stable ». La formulation m’a surprise mais je n’ai pas eu la force de la décortiquer. Par contre, elle a conforté ma certitude profonde que la situation ne tient qu’à un fil et qu’elle pourrait rebasculer du jour au lendemain. Le dimanche 2 août, j’étais tellement épuisée que j’ai passé la quasi-intégralité de ma journée à dormir : je me suis à peine levée pour me nourrir et m’occuper de mes deux chats. Ernest a fait une rechute avec ses problèmes intestinaux et a besoin de nouvelles injections d’antibiotiques. Demain, lundi, je dois le ramener chez la vétérinaire. Je suis inquiète et « faire le chat » en ne m’occupant de rien d’autre que dormir et manger me rassure. Malgré le repos, je finirai la soirée avec une forte migraine qui m’amènera à la décision de prendre congé le lendemain, afin de m’occuper uniquement de moi et de cette visite vétérinaire.
Le rendez-vous a été pris pour l’après-midi et je n’ai pas à me soucier du trajet : avec Colin, qui fréquente le même cabinet et habite près de chez moi, on a réussi à combiner un rendez-vous pour les injections d’Ernest et pour Koda, qui doit se faire enlever les points de suture des suites de sa stérilisation. Colin viendra me chercher en voiture, c’est beaucoup de tracas en moins : pas besoin de conduire en subissant les miaulements incessants d’Ernest et moins d’occasions de penser aux mesures sanitaires et au port du masque. Avec le recul que m’ont procurée ces deux dernières semaines, j’ai senti mon attitude interne à l’égard de ces mesures évoluer. La verbalisation de cette attitude ressemble à quelque chose du genre : quoi qu’il en soit, je n’ai pas le choix ; je m’exécute comme je peux et j’arrête de me poser des questions ; je ne veux plus perdre de temps à m’énerver. En plus, mes préoccupations autour de la santé de mon chat sont à cet instant clairement plus essentielles, plus sérieuses, même plus réelles, que le masque et mes souvenirs agaçants de conversations de bistrot sur son utilité et ses mésusages.
Lundi matin, j’ai dormi le plus longtemps possible, pris un bain et médité. Ma tête est calme mais mon estomac reste noué : le stress tapote dans mon ventre, comme si mon cœur était descendu et qu’il battait au mauvais endroit. J’ai grignoté : avoir les organes au mauvais endroit, ça me coupe l’appétit. Maintenant, j’essaie de me préparer à ce qui nous attend. Je descends à la cave chercher le sac pour transporter Ernest. En revenant dans l’appartement, je le pose discrètement sur le sol à l’entrée. Je prépare ensuite mes affaires : je choisis un petit sac en bandoulière pour éviter de me charger inutilement. Je n’oublie pas d’y placer l’enveloppe contenant les masques et ma petite bouteille de désinfectant. Je commence à me soucier de l’interaction entre Koda et Ernest : ils se sont déjà côtoyés quand je la gardais, mais je pense que c’est une très mauvaise idée qu’ils se voient avant de mettre le chat dans son sac. J’ai une montée d’adrénaline à cette idée. Je vois tous les animaux se courir après au milieu de mon salon : trop chaotique à gérer par rapport à mon niveau d’énergie. Il reste un peu de temps : j’écris à Colin en espérant qu’il verra mon message avant de partir : « Je vais essayer de descendre pour 14h30 pile. Faut pas que le babouin monte si je veux pouvoir enfermer le chanteur d’opéra. » Il envoie un smiley qui pleure de rire et me dit de ne pas m’inquiéter. À 14h30 pile, il me confirme qu’il est bien là. Je réponds : « Ok alors j’arrive aussi vite que nécessaire. »[2] Sa réponse : « hahahahaha. » Je souris.
Je pose le sac sur la table et tire sur la fermeture éclair pour l’ouvrir : Ernest vient y prendre place tout seul. Dingue. Je le remercie de me faciliter la tâche et lui promets qu’il se sentira mieux quand on sera rentrés. Il miaule. Il a l’air mécontent que je ferme le sac : il pousse avec sa tête pour voir s’il peut sortir. Il miaule encore une fois puis se résigne. J’enfile mes chaussures, une veste légère, mon petit sac en bandoulière et, en inclinant à peine les genoux, je place les deux lanières du sac d’Ernest sur mes épaules, de sorte à pouvoir le porter devant moi. Je le soulève. La porte passée, je cherche la clé en fouillant à l’aveugle dans mon sac posé contre ma hanche gauche, juste sous celui d’Ernest. Je sens l’enveloppe de masques m’empêcher de trouver mon chemin. Le temps d’une seconde, je m’inquiète de les avoir oubliées, mais j’entends le tintement du trousseau de clés. Je fouille. Ernest émet un petit miaulement sec comme pour signifier son impatience. Je lui dis que je fais ce que je peux. Je trouve enfin la clé. Je ferme et descends les escaliers rapidement.
Colin m’attend, adossé contre l’extérieur de la voiture, tapotant sur son téléphone et tirant sur sa cigarette électronique. J’aperçois Koda dans le coffre qui s’agite dans tous les sens pour tenter de venir me saluer. On s’embrasse mais on ne traîne pas avec les salutations. Il m’ouvre l’une des portes arrière : je lui dis que j’aimerais rester à côté d’Ernest. Il comprend. J’attache le sac du chat tout en disant à Koda d’attendre quelques secondes avant le câlin. La chienne est au sommet de son bonheur, tandis qu’Ernest a les poils tout ébouriffés de peur et de stress, mais il se tait. Je dis qu’il nous gratifiera peut-être d’un peu de silence durant le trajet grâce à cette visite groupée. Je termine ma manœuvre, en évitant les coups de langue de Koda qui tente de grimper jusqu’à moi depuis l’intérieur du coffre. Le sac enfin attaché, je lui fais quelques papouilles. Elle me fait rire. Elle porte un petit body coloré pour éviter de lécher sa cicatrice, ça lui donne un air coquet. Je fais le tour de la voiture et m’installe à côté d’Ernest ; Colin fait de même et prend place sur le siège conducteur, après avoir vérifié que toutes les portes étaient bien fermées. Je suis vraiment soulagée de ne pas devoir conduire.
On est partis. Ernest miaule de temps à autre mais de façon tolérable. À certains moments, j’entrouvre à peine le sac pour y glisser ma main pour le caresser : il se frotte frénétiquement les babines au bout de mes doigts et je lui souffle des mots doux pour qu’il se sente bien. Le trajet passe vite. On discute un peu : je raconte ma surprise à propos d’Ernest se mettant lui-même dans son sac. On se demande si, à force, l’expérience de revenir en meilleur état à la maison finit par primer sur l’épreuve de la visite vétérinaire. On écoute de la musique : j’en profite pour laisser défiler les paysages et mes pensées vagabonder. Arrivés à destination, Colin sort rapidement pour promener Koda quelques minutes avant la visite et me demande de fermer la voiture à clé – j’en ai une sur mon trousseau car il arrive qu’il me la prête. J’ai la tête dans la lune, j’ai besoin de prendre quelques secondes pour rassembler mon attention. J’entends le coffre s’ouvrir et se fermer. Ernest regarde dehors puis me regarde : « On fait vite, mon Stitch, c’est promis. »
Je me détache et sors le désinfectant de mon sac que j’ai gardé sur moi. Je retire tout de suite un masque de l’enveloppe par l’élastique que j’enroule autour de mon poignet. Je mets une giclée de désinfectant dans une main. Je range la petite bouteille et me frotte minutieusement les mains pour étaler le gel : entre les doigts et jusqu’aux poignets. Je fais glisser l’élastique du masque de mon poignet à ma main, je saisis l’autre élastique en repérant la barre à placer sur le nez. J’effectue une boucle autour des oreilles avec les élastiques en déposant le masque contre mon visage. Je pince la barre sur mon nez entre mon pouce et mon index droits et ajuste la partie inférieure du masque en la tirant sur mon menton avec les doigts de la main gauche. J’ajuste le tout et replace mes lunettes juste au-dessous de la barre du masque. Je laisse mon sac ouvert, sors de la voiture et vais directement chercher Ernest. Je le reprends devant moi, les lanières de son sac sur les épaules. J’attrape le trousseau dans mon sac en bandoulière pour fermer la voiture à clé après avoir claqué la portière.
En fermant mon sac, je vois Koda revenir de sa mini promenade en tirant de toutes ses forces sur la laisse, comme si elle ne pourrait tolérer de parcourir la distance entre nous à un rythme plus lent : l’anti-distanciation sociale dans toute sa splendeur. Colin la calme et lui ordonne de ne pas sauter. Il enfile un masque plus vite que l’éclair : ça me fascine. Je pousse la porte avec mon pied en soutenant le sac d’Ernest des deux bras pour ne pas me faire mal et me tourne pour tenir la porte avec mon dos et les laisser passer. Dans le sas d’entrée, je vois une pancarte informant que l’on ne peut pas être plus que trois personnes dans la salle d’attente. Je lui demande de jeter un œil et il me dit d’entrer : une seule personne attend. Nous lui disons bonjour en entrant et je vais nous annoncer auprès de l’assistante qui se trouve dans l’espace de réception au fond de la salle d’attente : une fenêtre ouverte avec un comptoir sépare les deux salles. Elle me dit de patienter : la doctoresse arrivera d’une minute à l’autre.
Koda bat de la queue, renifle tout ce qu’elle voit, me redit bonjour : elle ne sait plus où donner de la tête. On dirait un petit enfant à Disneyland. On se demandait dans la voiture si la stérilisation allait changer son attitude au cabinet : manifestement, c’est toujours son endroit préféré au monde. Je regarde Ernest : ce n’est pas la fête pour lui, mais la présence de Koda semble le distraire. Il l’observe, perché dans son sac : je me dis que le contraste entre leurs réactions doit le surprendre. Je le dépose sur l’un des comptoirs en hauteur derrière moi et je vois Colin se diriger vers la machine désinfectante de la mort avec « commande au coude ». Il s’arrête un instant en la regardant : il semble lire la consigne. Je lui dis : « J’ai du désinfectant si jamais, elle est trop galère cette machine, je te conseille pas. » Il essaie quand même, après avoir demandé à Koda de s’asseoir. « En fait, faut la tenir en bas pour pas qu’elle bascule. » Mon explication a l’air de lui avoir encore plus compliqué la tâche. Koda regarde la machine, puis son maître et incline la tête pour essayer de comprendre ce qu’il fabrique. Colin s’arrête, ne dit rien et sort son propre désinfectant. Tout à coup, je sens mon souffle dans mon masque et je prends conscience qu’il ne me pose pas de problème aujourd’hui. La vétérinaire arrive dans la salle et nous demande comment nous allons. Après un bref échange, elle lance : « Alors c’est qui qui commence aujourd’hui ? Sachant que je peux prendre qu’une seule personne par animal, j’en suis désolée. » Je réponds qu’il n’y a pas de souci. Je propose d’y aller d’abord, comme c’est Ernest qui stresse le plus : tout le monde acquiesce. Je reprends Ernest dans son sac et la suis ; j’entends Colin demander à l’assistante s’il pourrait avoir de l’eau pour Koda. La porte se ferme derrière nous : silence. J’entre dans la salle du cabinet en suivant de près la vétérinaire.
On fait rapidement un état de la situation. La répétition du problème ne surprend pas mais est à surveiller. Elle me prépare à l’idée de devoir lancer des analyses plus approfondies avec prises de sang, échographie et tout le tintouin, en cas de nouvelle rechute, pour mieux identifier les causes du problème. J’espère que ça ne se produira pas. Je sais que ça signifie le laisser seul et l’anesthésier. Cette idée me fend le cœur et me rend fébrile un instant, comme si les os de mes jambes étaient en coton. Elle me propose d’essayer de lui donner une pâte à la maison qui pourrait l’aider au niveau de l’acidité gastrique et éventuellement prévenir les rechutes. Elle réajuste son masque furtivement du bout des doigts. Je veux bien essayer cette pâte. L’idée d’une solution me remonte le moral : apparemment ce produit fonctionne fort bien et est même apprécié des bêtes, en particulier les furets, qui en raffolent. Elle me demande aussi des nouvelles de Yamcha, la femelle de ma paire de chats. Elle remonte encore son masque en le pinçant. Je lui réponds, puis on décide de passer aux injections. Elle sort chercher les médicaments à injecter et moi j’ouvre le sac d’Ernest.
Je me dis que je ne l’avais pas vu toucher son masque la dernière fois : elle avait l’air de lui donner des petits coups de pouce pour qu’il ne descende pas sous son nez, comme s’il glissait. C’est peut-être le masque qui a un léger défaut de fabrication ? Ou alors celui-ci colle moins bien à la forme de son visage ? Et si chaque masque était singulier ? Ernest a profité de mon inattention pour filer se camoufler dans un tiroir du bureau laissé ouvert. Je suis en train de le récupérer en catastrophe quand la vétérinaire toque avant d’entrer dans la pièce. Je me sens gênée, Ernest s’accroche au contenu du tiroir de toutes ses forces pendant que je le tire par le dessous de ses pattes avant. Il râle. Elle rit et s’excuse auprès de lui de le rendre si nerveux. Je parviens enfin à le poser sur la table de consultation. On fait au plus vite : je le tiens, il feule. Je suis stressée, mais aussi dans la nécessité d’agir vite sans ajouter de difficultés. Je ne réfléchis plus, je le tire contre moi, je mets sa tête entre ma veste et mon t-shirt en lui disant calmement mais fermement que plus il se sera tranquille, plus vite on pourra rentrer et moins il aura mal ! La vétérinaire procède aux injections, il souffle, je le tiens fortement contre moi. C’est fini. Je le lâche et il file dans son sac. On boucle la consultation : la vétérinaire va chercher la fameuse pâte en me disant que le duo suivant peut déjà venir s’installer.
Je retourne dans la salle d’attente alors que Colin et Koda s’activent pour prendre leur tour. Je lui confirme qu’il peut y aller. Nous sommes seuls avec Ernest ; une assistante arrive dans l’espace de travail de l’autre côté de la fenêtre. Je la connais bien : c’est une amie. On se salue et on discute ensemble le temps que dure la consultation de Koda, avec Ernest, un peu confus mais content d’être dans son sac, posé sur une chaise à côté de moi. À quelques reprises, je prends conscience de mon masque, parfois du sien, mais chaque fois, je ne m’y accroche pas. Ils sont là, ces masques, simplement. Presque trois quarts d’heure plus tard, Colin revient avec Koda, fière, et sans son body. On procède aux paiements, on se désinfecte les mains avec la bouteille se trouvant sur le comptoir, puis on sort. La porte franchie, je m’arrête une seconde devant la poubelle pour enlever mon masque, en l’ôtant délicatement d’une main par un élastique, accompagné d’un mouvement de tête en sens inverse pour faciliter l’opération. Je le jette en me disant que, celui-là, je l’ai à peine remarqué.
Marine Kneubühler, Université de Lausanne
Le prochain article de cette série est disponible ici.
[1] Les prénoms de toutes les personnes de mon entourage figurant dans mes autographies sont fictifs par souci d’anonymat.
[2] En référence à la fameuse phrase du conseiller fédéral Alain Berset en conférence de presse le 16 avril 2020 répondant à un journaliste qu’il faudra agir « aussi rapidement que possible et aussi lentement que nécessaire ». Nous plaisantons souvent tous les deux en proposant des variantes de cette phrase aussi souvent que possible. Cette phrase est devenue culte à une vitesse folle : le 22 avril 2020, on pouvait déjà acheter des t-shirts qui l’exhibait.