À propos

Du covid-19 au co-vies20

En ces temps littéralement sidérants, les prises de parole publique se multiplient, y compris pour dire qu’il faudrait se taire face au présent suspendu des confinés, aux épreuves que traverse le personnel soignant et à l’enfer muet des migrants et des sans-abris rejetés aux marges des grandes villes. Il est vrai que transformer les expériences difficiles ou les situations tragiques que vivent les sujets affectés en objets d’écriture, refroidis et « verbalisés » par tout un appareillage discursif ou conceptuel, peut paraître éthiquement problématique. Et pourtant, ce n’est pas l’omniprésence des discours mais l’absence de pensée qui est dangereuse. La réflexion est plus que jamais nécessaire pour appréhender ce qui nous arrive et anticiper ce qui nous attend.

Pour ce faire, il s’agit en tout premier lieu de prendre la mesure du nous dont la pandémie trace les contours avec aplomb, celui de l’espèce humaine. Dans une sombre répétition générale des désastres que le changement climatique risque de générer, l’échelle d’appartenance dont la pandémie bat le rappel est celle de l’humanité tout entière. Suivie à la lettre et prise au sérieux, une telle échelle est proprement renversante : elle conduit inéluctablement à relativiser les enjeux de moindre portée, que ce soit les intérêts individuels, les luttes d’influence nationales ou les vertiges financiers. Et pourtant, l’horizon d’une « commune humanité » peine à résister aux contractions et aux rétrécissements que lui imposent sans cesse les gouvernements nationaux et les groupes d’intérêt, obnubilés par « le retour à la normale » et la reprise désespérée du « monde d’avant ». Plutôt que de reconduire, sous le mode de l’impensé, l’injonction de la reprise, il faut tenter de nous déprendre, individuellement et collectivement, de l’emprise des réponses toutes faites.

Ce travail de déprise passe notamment par la mise en commun, en temps réel, de la pluralité des expériences et de la multitude des points de vue qui tissent la trame de l’épreuve que nous traversons. Cette mémoire mosaïque n’est ni l’album de photos familial qui marque nos espaces privés, ni la mémoire officielle que viendront sceller les autorités institutionnelles. Elle est le lieu d’une expérience qui se vit mais aussi se réfléchit à l’aide des prises réflexives et des agrafes conceptuelles que les sciences sociales, en particulier, ont développées pour faire sens du monde social. C’est à cette réflexion collective que ce blog vise à contribuer en multipliant les voix et les formats de prises de parole, des dessins d’enfants aux réflexions interdisciplinaires en passant par des photographies, des observations ethnographiques et des éclairages sur le vif.

A une époque où la hiérarchisation des flux informationnels tend à faire défaut et le sentiment d’impuissance ne fait que croître, une telle enquête publique paraît indispensable. Elle paraît même primordiale au moment où l’espace public matériel comme lieu de rencontre a disparu, menaçant d’emporter avec lui la sphère publique au sens de la participation à la discussion des normes collectives et des orientations de la vie en commun.

Liens & ressources

Notre blog n’est évidemment pas le seul espace qui rassemble des réflexions et archives concernant l’épidémie actuelle. Nous vous renvoyons en particulier au site web et blog « VIRAL – LES MULTIPLES VIES DU COVID-19 », une initiative qui provient également de l’Université de Lausanne. Parmi les plateformes issues du champ académique, on peut aussi mentionner ce « carnet de recherche » de l’École de hautes études en sciences sociales, qui propose chaque semaine une série d’articles concernant l’épidémie et ses conséquences.

L’équipe

Laurence Kaufmann

Co-responsable éditoriale

Professeure ordinaire en sociologie de la communication et de la culture à l’Institut des sciences sociales de l’Université de Lausanne. Elle s’intéresse en particulier aux dynamiques communicationnelles et aux capacités cognitives et émotionnelles qui permettent aux individus de « faire société ».

Fabienne Malbois

Membre de l’équipe éditoriale

Dre en sciences sociales, elle a été co-responsable éditoriale du blog de mai 2020 à septembre 2021. À partir d’approches ethnographiques sensibles à la dynamique des interactions, ses travaux s’inscrivent dans les domaines du genre, du vieillissement, des métiers de service au public, des technologies numériques et de la communication, notamment en contexte de vulnérabilité. La recherche FNS qu’elle va mener dès février 2022 à la HETSL|HES-SO s’intéresse à la connaissance ordinaire de la démence liée au travail de care dans les institutions de soin de longue durée.

Marine Kneubühler

Membre de l’équipe éditoriale

Doctorante en sciences sociales et chargée de recherche à l’Université de Lausanne. Elle est passionnée par l’écriture de soi, les tourments ordinaires de l’expérience, la subjectivité et l’ontologie humaines et leur articulation aux modes d’existence du social et des collectifs.

Mariano Fernandez

Membre de l’équipe éditoriale

Professeur à l’Université National de La Plata et à l’Université Nationale Des Arts de Buenos Aires. Il fait actuellement un séjour postdoctoral à l’Université de Lausanne. Ses domaines de recherche sont liés à la médiatisation de l’espace public, à l’étude des discours politiques et à la formation de collectifs mobilisés par les problèmes publics.

Justine Scheidegger

Membre de l’équipe éditoriale

Doctorante FNS en Sciences du Sport à Lausanne (ISSUL). Elle travaille actuellement sur les archives de la Télévision Suisse Romande et le « handicap ». Elle porte un intérêt particulier au quotidien et à la rencontre en tant que thèmes d’investigation sociologique.

Nicole Peccoud

Membre de l’équipe éditoriale

Assistante d’enseignement et de recherche à la Haute école de travail social de Genève (HES-SO). Doctorante en sciences sociales. Aime surtout écrire, lire, penser, rêver les lisières.

Célia de piétro

Membre de l’équipe éditoriale

Assistante diplômée au sein du laboratoire Théorie sociale, enquête critique, médiations, action publique (THEMA) à l’Université de Lausanne (UNIL). Elle est autant passionnée par les interactions de la vie quotidienne que par l’ontologie des collectifs, en passant par les ressorts cognitifs et émotionnels de l’engagement politique au sein de milieux militants.

Maëlle Meigniez

Membre de l’équipe éditoriale

Dre en sciences sociales (Université de Lausanne), chargée de recherche et enseignante à la Haute école de travail social et de la santé Lausanne (HETSL | HES-SO). Passionnée par l’analyse des interactions sociales en coprésence ou à distance, elle s’intéresse tout particulièrement au phénomène de l’aide sous ses différentes formes, des plus informelles au plus institutionnalisées.

Olivier Moeschler

Membre de l’équipe éditoriale

Dr. ès sciences sociales et chercheur associé à l’Université de Lausanne, il est responsable du domaine « culture » à l’Office fédéral de la statistique (OFS) et enseigne à la HEG Haute école de gestion, Genève. Il s’intéresse aux différents aspects de la culture et de son analyse, de la production à la réception: travail et emploi artistiques, création et circulation des oeuvres, publics et pratiques culturelles, mesure économique de la culture, politiques culturelles.

Sélim ben Amor

Co-administrateur du blog

Assistant diplômé en sciences sociales à l’Université de Lausanne (UNIL). L’approche ethnographique le passionne et il s’intéresse de près aux interactions sociales et leurs ressorts émotionnels dans différentes sphères de la vie sociale (privées, professionnelles, bénévoles, etc.).

Pierre-nicolas Oberhauser

Co-administrateur du blog et membre de l’équipe éditoriale

Assistant diplômé en sciences sociales à l’Université de Lausanne (UNIL). Il s’intéresse aux rapports entre médecine, psychiatrie et sociologie ainsi qu’à l’histoire de la sociologie américaine.

To be continued…

co-vies20 n’est pas un cercle (fermé) mais un réseau ouvert aux personnes intéressées à réfléchir individuellement et collectivement au « fait social total » que nous vivons actuellement.