C’est la fin de la matinée. Mon expresso à l’emporté à la main, je me tiens au fond de l’ascenseur, face aux portes qui sont encore ouvertes. J’ai déjà appuyé sur le bouton du 5e étage, où se trouve mon bureau. Je porte un masque chirurgical bleu, comme la plupart des personnes qui circulent dans le bâtiment, selon les recommandations édictées par l’Université de Lausanne et plus largement du canton de Vaud. Une femme dans la cinquantaine, que j’avais entraperçue tout à l’heure, au moment où je sortais de la zone dédiée à la cafétéria de Géopolis, se présente aux portes de l’ascenseur. Elle porte elle aussi un masque et tire par le bras une petite valise à roulettes. Avant de s’engager à l’intérieur de l’habitacle, elle m’interpelle : « Est-ce que je peux entrer ? ». Je m’étonne de cette demande et lui réponds avec enthousiasme : « Oui bien sûr ! ». Hormis ces brefs mots échangés, tout le reste du voyage se déroulera dans le silence le plus complet, et surtout, à grande distance. Manifestement, être deux dans un ascenseur, c’est déjà beaucoup en temps de pandémie. Parler en plus, ce serait trop !
Fabienne Malbois, sociologue, Haute école de travail social et de la santé, Lausanne