« Sauvons Nos Crèmeries », les commerçants indépendants du canton de Neuchâtel en Suisse s’unissent

Le 4 novembre 2020, le gouvernement neuchâtelois fermait ses restaurants, bars, commerces non essentiels et autres lieux culturels pour la seconde fois cette année en raison des mesures sanitaires prises dans le cadre de la gestion de la crise pandémique. Le 19 novembre 2020, ces mesures ont été prolongées jusqu’au 6 décembre au moins.

Sauvons Nos Crèmeries est une page Facebook créée le 17 novembre 2020 qui compte, le 3 décembre 2020, 260 personnes abonnées. La description que l’on trouve sous son « à propos » est la suivante : « Cette page est destinée à tous les commerçants indépendants du canton de Neuchâtel, il est temps de nous unir ». L’image de couverture de la page est un bulletin de versement vide comportant les inscriptions « Qui paie l’addition ? », « Faillites programmées » et « Commerçants en danger ».

Le jour de création de la page, un premier message annonce une volonté de manifester empêchée et une proposition d’actions alternatives qui se dérouleront sur Facebook : « Chers amis commerçants, la résistance se met en place dans le canton de Neuchâtel. Au vu des mesures sanitaires actuelles nous ne pouvons pour le moment pas manifester en masse mais plusieurs autres actions sont en cours et nous vous les proposerons rapidement sur cette page. Merci de partager un maximum. Bon courage à tous ! ». Ce message est accompagné de tags, ce qui lui permet d’apparaître sur les murs de 50 pages Facebook associées dont celles de GastroNeuchâtel et de nombreux commerces divers et variés (entre autres : salons de coiffure, restaurants, bars, boucheries, boulangeries, petits magasins, quincaillerie).

La première action de ce collectif virtuel a consisté à préparer une lettre type à envoyer à la commune dans laquelle les commerçants paient leurs impôts. La lettre qualifie l’entité « Sauvons nos crèmeries » comme un « micromouvement ». Il s’agit de permettre aux communes de « mesurer l’ampleur du désastre ».

Le 18 novembre, une photo est postée sur la page Facebook du collectif mettant en scène l’action de déposer les premières enveloppes dans la boîte aux lettres d’une commune :

Une deuxième action importante a consisté à distribuer des banderoles « Qui paie l’addition ? » aux commerçants et indépendants de la ville du Locle. Ces derniers ont placardé les banderoles sur les devantures de leurs commerces, magasins, restaurants, en les prenant en photos, parfois en posant devant, redonnant ainsi vie aux lieux abandonnés. Six albums ont été constitués entre le 20 et le 27 novembre 2020. Le premier album a été partagé 90 fois en date du 3 décembre 2020 :

Un septième album a été partagé autour de cette action le 29 novembre. Celui-ci présente le même type de photos prises à la Chaux-de-Fonds et au Val-de-Travers. Les photos contenues dans l’ensemble de ces albums peuvent être consultées en tant que « traces visuelles » sur Co-vies20.

Le 1er décembre une manifestation s’est tenue dans la rue, en collaboration avec La Douloureuse, une page Facebook associée, créée le 11 novembre 2020, peu avant Sauvons Nos Crèmeries. La manifestation, qui a pris place devant le lieu de réunion du Grand Conseil neuchâtelois, a été relayée par la Radio neuchâteloise RTN et CanalAlpha.

La Douloureuse se définit comme une « action visuelle » visant à « amener la population et les politiques à se rendre compte de la grande fragilité de nos établissements publics, mais surtout du fait que bon nombre d’entre eux ne survivront pas à la crise ». Le 22 novembre 2020, la page a interpellé via Facebook, en la taguant, la « République et Canton de Neuchâtel » par ce message :

Ce message est accompagné d’un album composé d’une série de phrases blanches sur fond rouge et de photographies de lieux de restauration laissés à l’abandon et dont la légende indique le nom du lieu et sa localisation. Les photographies sont marquées d’un signal triangulaire signifiant Attention ! Un signal rouge lui aussi, un rouge qui frappe l’œil en se faisant alerte-visuelle. Cette publication a reçu 45 réactions en émoticônes et a été partagée 85 fois en date du 3 décembre 2020. Cet album est lui aussi consultable sur le blog.

De manière importante, ce type de collectif ayant trouvé une visibilité via Facebook existe aussi dans d’autres cantons suisses. C’est le cas notamment dans le canton de Vaud avec le collectif « Qui Va Payer l’Addition ? » qui se définit comme suit : « Nous sommes les clubs, les bars, les restaurants, les traiteurs du canton de Vaud. Nous sommes en pleine noyade et appelons nos autorités à prendre des mesures concrètes et rapides pour éviter notre naufrage ». Le code couleur rouge et blanc opté par le collectif pour se présenter est le même que celui de La Douloureuse.

Un partage de Marine Kneubühler