Covid et cancer, 25.09.2020

Durant l’été, les médecins qui s’occupent de ma grand-mère ont détecté un cancer du pancréas. Elle est âgée de 85 ans. Le cancer s’est déjà propagé dans son corps et a atteint le foie. C’est dire que le temps lui semble compté, malgré la chimiothérapie qu’elle a entreprise : chaque jour est un jour gagné et a de l’importance. Mais pourquoi parler du cancer de ma grand-mère dans un blog consacré à la maladie de la covid-19 ? Déjà, il ne faut pas oublier que la covid a, malheureusement, la fâcheuse tendance à emporter avec elle les personnes ayant des problèmes de santé. La chimiothérapie provoque une baisse considérable des défenses immunitaires. Ma grand-mère fait donc partie des personnes les plus vulnérables au virus. Et puis, dans ces moments où le soutien des proches est primordial, le virus fait barrière à des choses pourtant essentielles. Alors que nous souhaiterions prodiguer à ma grand-mère, qui vit peut-être ses derniers instants, des gestes d’affection et de bienveillance, nous sommes dans l’impossibilité de lui faire des câlins. Alors que nous souhaiterions l’accompagner et nous tenir auprès d’elle, une présence quotidienne semble impossible. À notre désarroi, la covid-19 nous place dans une situation difficile, y compris les membres de ma famille qui demeurent en Espagne et que l’obligation de quarantaine empêchait jusqu’à peu de venir en Suisse. Elle nous met dans un profond embarras et nous force à faire des choix impossibles. Doit-on prendre des risques pour apporter à un être cher le meilleur accompagnement et toute l’attention dont il aurait besoin, ou, au contraire, ce risque est-il trop grand à assumer ? Voilà le difficile dilemme que les membres de ma famille et moi vivons depuis quelques mois.

Allan Vega, étudiant en lettres et en sociologie, Université de Lausanne