Cet article fait partie d’une série de textes écrits par des étudiant.e.s du bachelor en sociologie de l’Universidad Nacional de La Plata (Faculté des sciences humaines et de l’éducation). La traduction de ces textes a été réalisée collectivement par des étudiant.e.s de la même université, participant aux programmes de Traduction scientifique et technique française I et de Traduction littéraire française I : Branko Dicroce Giacobini, Maivé Habarnau, Romane Lee, Juan Martín López Fernández et Horacio Mullally. La révision et l’édition des textes a été effectuée par leurs enseignantes, les Profs. Ana María Gentile et Daniela Spoto Zabala (FaHCE-UNLP). Leur publication sur ce blog a été rendue possible par Mariano Fernández, Professeur à l’Universidad Nacional de La Plata et à l’Universidad Nacional de las Artes de Buenos Aires, membre de l’équipe éditoriale de Covies-20.
Le réveil sonne à 9h du matin. Sans comprendre où j’en suis, je cours mettre en marche ma bouilloire. Le maté d’aujourd’hui contient du stevia, récolté par le frère de ma grand-mère, ça me sert à la sentir un peu plus près de moi. Je prépare le premier maté. Le voisin se lève un peu plus tard. J’entends toute sa routine matinale dans la salle de bains. Il s’est endormi trop tard hier soir, il s’est disputé avec sa petite amie.
Au début du confinement, j’avais entendu dire que cela allait éveiller la solidarité entre les gens. Mais moi je n’ai jamais parlé avec mes voisins. Ce qui ne m’empêche pas de connaître leurs prénoms et ceux de leurs couples, de leurs animaux de compagnie et même l’équipe dont ils sont les supporters.
« Laruchis, ça va ? » « Oui, ça va, je travaille aujourd’hui. », mon amie me répond sur WhatsApp. Elle a la possibilité de sortir pour garder les enfants d’une femme médecin. « Si tu n’es pas derrière les gamins, ils n’apprennent rien. », lui dit sa patronne, qui passe le confinement avec son mari, ses enfants et une bonne à tout faire.
Après quelques matés, je suis sortie acheter des oignons au coin de la rue. Un message collé hors du local annonce : « Soupe populaire rues 119 et 50. Viens avec ton récipient. Maintiens la distance sociale recommandée. Une personne par famille. » C’est peut-être cela, la solidarité, ai-je pensé, et j’ai souri derrière mon masque. Puis, je suis rentrée chez moi avec le sac à oignons et j’ai passé le reste de la journée à l’intérieur, toute seule.
Lara Poujardieu, étudiante du bachelor en sociologie de l’Universidad Nacional de La Plata