Cet article fait partie d’une série de textes écrits par des étudiant.e.s du bachelor en sociologie de l’Universidad Nacional de La Plata (Faculté des sciences humaines et de l’éducation). La traduction de ces textes a été réalisée collectivement par des étudiant.e.s de la même université, participant aux programmes de Traduction scientifique et technique française I et de Traduction littéraire française I : Branko Dicroce Giacobini, Maivé Habarnau, Romane Lee, Juan Martín López Fernández et Horacio Mullally. La révision et l’édition des textes a été effectuée par leurs enseignantes, les Profs. Ana María Gentile et Daniela Spoto Zabala (FaHCE-UNLP). Leur publication sur ce blog a été rendue possible par Mariano Fernández, Professeur à l’Universidad Nacional de La Plata et à l’Universidad Nacional de las Artes de Buenos Aires, membre de l’équipe éditoriale de Covies-20.
On est jeudi et j’ai une rencontre planifiée avec mes amies tout à l’heure. Je change de vêtements et je me prépare comme si j’allais sortir, même si je ne sais pas depuis combien de jours je porte le même pyjama – si c’est depuis samedi, depuis mardi de la dernière semaine ou depuis hier. Pendant la durée de l’appel vidéo, je me sens comme transportée. Mon corps cesse de percevoir la chaise, l’ordinateur, le bruit de la machine à laver et les kilomètres qui me séparent des femmes avec lesquelles je parle. Je peux pour ainsi dire palper l’espace qui me permet de garder un contact visuel avec d’autres personnes, mais toujours avec un goût amer de la nostalgie de la chaleur humaine. L’appel fini, je reprends conscience de tout ce que je désirais oublier et dépasser. Je n’ai jamais bougé du petit appartement où je vis seule. Je passe le reste de la journée en compagnie de mon portable, cette extension de ma main qui répond à mes demandes. Peu importe si je veux acheter quelque chose sur Amazon, étudier pour la faculté, regarder une série sur Netflix ou revoir Twitter encore et encore, il va toujours me donner une réponse. Mais tout est froid, sans échange, sans dialogue. Et malgré mes efforts pour mener une vie sociale similaire à ma vie d’avant, les rapprochements ont l’air irréels et fictifs.
Constanza Becerra, étudiante du bachelor en sociologie de l’Universidad Nacional de La Plata