En ce quatrième lundi du mois de mars, j’assiste à mon premier cours de danse en ligne. Alors que je me connecte, je ne sais pas si je dois activer la caméra et le micro. En effet, mon professeur de danse nous a précisé, en envoyant le lien pour rejoindre le live, que l’on n’était pas obligés de l’activer. Étant donné que la majorité des élèves ne l’a pas fait, je m’y étais conformée. Mais deux autres professeurs, ainsi que la directrice de l’école, se sont connectés et nous interpellent pour nous inviter à activer notre caméra pour « que ça soit plus cool ». Tout le monde joue le jeu. Les professeurs rigolent sur le fait que même sur Zoom certains élèves arrivent à être en retard. En attendant, mon professeur nous pose quelques questions comme : « Comment ça va, vous avez la forme ? Comment se passe votre confinement ? », ce à quoi les élèves bredouillent un « oui, oui ça va », sans en dire plus. Durant les quatre à cinq minutes que dure l’attente avant le début du cours, aucune interaction n’a lieu entre les élèves ; celles-ci se passent uniquement entre les professeurs de l’autre côté de l’écran (qui règlent quelques problèmes techniques entre eux), ou entre mon professeur et les élèves à qui il adresse vaguement quelques interjections. Je profite de ce moment pour écrire mes premières observations, que je note sur mon téléphone. La majorité des autres élèves s’affairent également sur leur portable ; certain-e-s ne sont même plus dans le champ de la caméra. La situation me paraît étrange : généralement, nous avons l’habitude de discuter tous ensemble des dernières compétitions de hip-hop qui se sont déroulées durant le week-end. Mais il est vrai que celles-ci, à l’heure actuelle, ont toutes été annulées.
Une étudiante du bachelor en sciences sociales de l’Université de Lausanne, participante au séminaire de sociologie générale « Ethnographie de l’espace public urbain »