Renégocier les distances 30.03.20

« Lorsque j’ai entrepris ma balade journalière dans les champs avec ma maman, celle-ci m’a surprise en me lançant : « Euh tu peux t’écarter un peu, s’il te plaît ?! », alors que nous marchions côte à côte. J’ai été interloquée et ai vu cette requête comme une offense. Pour moi, on se côtoyait déjà à moins de 2 mètres dans notre logement et il était donc inutile d’instaurer de la distance entre nous à ce moment-là. Dans cette période difficile où l’on se sent relativement seul, voir des membres de sa propre famille s’éloigner ainsi est quelque chose de perturbant car on a besoin de soutien, et cette sorte de rejet m’a été difficile à vivre. Prendre de la distance avec les « inconnus » me semblait nécessaire, mais appliquer cette restriction à un membre de ma famille que je côtoie chaque jour dans le même logement m’a embarrassée, car on ne se sait plus du tout qui est assez proche de nous pour ne pas instaurer de la distance. Je me suis sentie très seule puisque même ma maman voulait se distancier de moi, comme si j’étais une pestiférée. »

Noémie Schopfer, étudiante à l’Université de Lausanne